En dépit d’une rentabilité croissante et d’une dynamique encourageante, le secteur de l’assurance en Afrique peine encore à convaincre les populations locales, qui restent souvent méfiantes envers ces services essentiels. Cette ambivalence freine le développement d’un marché pourtant porteur et stratégique pour la protection sociale et économique du continent.
Un marché africain en pleine croissance mais sous-exploité
Selon les dernières analyses, le marché africain de l’assurance a enregistré une progression notable ces dernières années. En 2023, le volume total des primes collectées dans la zone FANAF (Fédération des Sociétés d’Assurances de droit national Africaines) s’élève à plus de 2 000 milliards de FCFA, avec une croissance soutenue portée notamment par des pays comme la Côte d’Ivoire, le Cameroun et le Sénégal, qui représentent près de 65 % du marché régional5. Le secteur non-vie domine largement, avec des parts de marché souvent supérieures à 60 %, tandis que l’assurance vie reste sous-développée dans plusieurs pays.
Cette croissance s’inscrit dans un contexte économique africain globalement favorable, avec une résilience face aux chocs mondiaux et une prévision de croissance du PIB réel de 3,8 % pour 2024. Par ailleurs, l’émergence de nouvelles tendances comme la micro-assurance, l’assurance contre les risques climatiques et l’intégration progressive de l’intelligence artificielle dans les processus assurantiels promettent d’élargir la base de clients et d’améliorer la qualité des services.
La méfiance des populations : un frein majeur au développement
Malgré ces avancées, la pénétration de l’assurance reste faible, avec un taux moyen de 2,4 % en 2023 sur le continent, bien en deçà de la moyenne mondiale. Cette situation s’explique en grande partie par une méfiance persistante des populations envers les compagnies d’assurance. Plusieurs facteurs alimentent ce scepticisme : un déficit d’information et de sensibilisation, des expériences passées de traitement insatisfaisant des sinistres, des offres peu adaptées aux réalités économiques locales, et une méconnaissance générale des bénéfices de l’assurance.
Cette défiance est particulièrement marquée dans les zones rurales et parmi les populations à faibles revenus, qui représentent pourtant une part importante des besoins non couverts. La fragmentation des marchés, notamment au Sénégal et au Cameroun, où de nombreuses petites compagnies peinent à offrir des produits compétitifs et accessibles, accentue cette difficulté.
Vers une meilleure inclusion et innovation
Pour surmonter ces obstacles, les acteurs du secteur multiplient les initiatives visant à renforcer la confiance et à élargir la couverture. L’essor de la micro-assurance, avec des produits adaptés aux petits revenus et aux risques spécifiques des populations vulnérables, constitue une piste prometteuse. Par ailleurs, la digitalisation et l’utilisation de l’intelligence artificielle permettent d’améliorer l’expérience client, de réduire les coûts et de faciliter l’accès aux contrats.
Des partenariats public-privé, des campagnes de sensibilisation et des programmes d’éducation financière sont également déployés pour mieux informer les populations sur les avantages de l’assurance. L’objectif est d’instaurer une relation de confiance durable entre assureurs et assurés, condition sine qua non pour transformer la rentabilité actuelle en un développement inclusif et pérenne.
225assurances, l’information de l’assurance en Côte d’Ivoire, 17 Mai 2025